Les coops d’insémination dosent leur carbone

Accompagnées par Solutions+, les coopératives agricoles d’insémination animale, à travers ALLICE*, ont déterminé le bilan carbone d’une dose de semence de taureau et d’un acte d’insémination artificielle dans l’espèce bovine. Le principal poste pour une mise en place de semence est l’acheminement des doses aux élevages par l’inséminateur. Des pistes d’amélioration existent.
Une dose de semence de taureau émet environ trois kilos de CO2 de sa production à sa mise en place en élevage. Dite comme cela, l’information ourrait sembler anecdotique. Or elle a son importance dans une perspective de réduction des gaz à effet de serre en agriculture. Car la Base Carbone de l’Ademe (base de données publique des facteurs d’émissions pour la comptabilité carbone), ne comportait jusqu’ici aucune information en lien avec l’insémination. Depuis fin 2014, cette donnée de base existe et permet la mise en place de plans d’amélioration. Elle est le résultat du bilan gaz à effet de serre réalisé collectivement par les sept principales coopératives d’insémination bovine réunies dans ALLICE, accompagnées par Solutions+. Leur
démarche ne partait pas d’une demande spécifique des clients mais d’une volonté d’anticiper sur les exigences réglementaires auxquelles elles seront soumises tôt ou tard. Elle s’inscrit aussi dans le contexte de l’audit énergétique obligatoire pour les entreprises de plus de 250 salariés fin 2015 et du bilan gaz à effet de serre déjà obligatoire pour les entreprises de plus de 500 salariés. A savoir que 43 coopératives sont concernées par ce dernier point, tous secteurs confondus.
Du national au local
Pour la coopérative bretonne Evolution, ce travail collectif a constitué un galop d’essai avant une
mise en oeuvre propre à l’entreprise. “La démarche nationale nous a permis de sensibiliser les différents services de notre coopérative pour prochainement entrer davantage dans le détail de nos pratiques et ainsi de les faire progresser”, précise Anthony Briand, directeur de la chaîne
logistique d’Evolution et membre du comité de pilotage de la démarche nationale. Le périmètre de travail de cette dernière a été l’ensemble de la chaîne de production et de distribution de la dose de semence, à l’exception de l’amont de la filière (c’est-à-dire la création des taureaux.) Tout a commencé par une formation aux gaz à effet de serre dans chacune des coopératives, réalisée par Kristell Rougé de Solutions+. “J’ai beaucoup appris sur la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) dans laquelle s’intègre le bilan gaz à effet de serre”, témoigne Anthony Briand. Puis, est venue la phase de collecte des données sur les consommations d’énergie, les transports, les achats … afin de traduire chaque étape du process en émissions de gaz à effet de serre (CO2, méthane, protoxyde d’azote).
Le premier poste d’émission de CO 2 est le transport des doses entre la station de production et l’élevage.
Le transport ressort
La synthèse des informations par Solutions+ montre que le premier poste d’émission de CO2 est le transport des doses entre la station de production et l’élevage. Il couvre les trois quarts des 2,9 kg de CO2 émis pour la production, la distribution et la mise en place d’une dose. Certaines solutions d’amélioration sont déjà en place dans les élevages comme
la formation à l’éco-conduite pour les inséminateurs ou l’achat de véhicules moins émetteurs de CO2.
Mais c’est l’optimisation des tournées des inséminateurs qui permettrait de réaliser le plus d’économies de carburant et donc de CO2. “Les distances parcourues actuellement pourraient être encore mieux optimisées ; on pourrait gagner de 5 à 10% de carburant sans problème en impliquant dans la démarche les différents services concernés (qualité, performance technique, performance commerciale”, estime Anthony Briand.
Des litières émanatrices
La seconde source d’émissions concerne le bâtiment d’élevage des taureaux (taurellerie) et plus
particulièrement celles liées aux fumiers : 10% du total. Une donnée difficile à établir. “Il n’existait pas de référence bibliographique pour les taurelleries donc j’ai appliquées celles qui sont utilisées pour les élevages bovins travaillant en paille + raclage”, explique Kristell Rougé. Ce poste d’émission ne sera pas évident à réduire dans les taurelleries existantes (une vingtaine en France). Une des pistes pourrait passer à long terme, par la modification de l’alimentation des animaux afin que leurs déjections émettent moins de méthane. Mais les taurelleries neuves offriront davantage de marges de progrès.
Ce travail collectif a donc permis d’avancer dans la connaissance de l’impact du métier des coopératives d’insémination sur le climat. Toutefois, il faut veiller à ce que ces données ne constituent pas un argument contre l’insémination artificielle au bénéfice de l’utilisation d’un taureau. Les avantages technico-économiques fondamentaux liés à l’insémination artificielle ne sont bien sûr pas remis en cause. Ces données sur le carbone doivent surtout permettre aux
coopératives d’enclencher leur propre démarche interne avec la participation active de nombreux services.
* Organisation professionnelle nationale de la reproduction et de la sélection animales.
Votre contact technique : Kristell ROUGÉ – kristell.rouge@www.servicescoopdefrance.coop