La réglementation pose les cadres de la prévention des explosions de poussières. Sur cette base, les entreprises construisent leurs actions combinant investissements, maintenance et, surtout, un travail de fond sur les comportements.
Le 16 février 1979, la minoterie Rolandmiihle de Bréme (Allemagne) explose, faisant 14 morts et 17 blessés. Cet accident engendre la premiére réglementation européenne sur la prévention des explosions de poussiéres. Puis le 18 octobre 1982, l’explosion du silo d’orge de Metz (12 morts, 1 blessé) et, surtout, le 20 août 1997, celle du silo de Blaye (11 morts, 1 blessé), modifient le cadre réglementaire en France.
En effet, les silos soumis à autorisation, au titre de la législation « installations classées », réglementés par l’arrêté ministériel du 11 août 1983, puis par celui du 29 juillet 1998, relévent actuellement de l’arrêté ministériel du 29 mars 2004, également appelé « l’arrêté silos ».
Sans remonter jusqu’à la premiére explosion répertoriée de poussiéres de céréales de 1785 (boulangerie Giocomelli, dans le Piémont en Italie), due à la sécheresse inhabituelle des grains aprés plus de cinq mois sans pluie, la liste des explosions historiques met en évidence un fait incontestable : les poussiéres agricoles explosent et ça n’arrive pas qu’aux autres, comme l’a encore montré, malheureusement, en juin dernier, l’explosion d’un silo du Comptoir Agricole, sur le site Silostra-Silorins à Strasbourg (lire AD n° 295, p. 10).
« Les stockages sont aussi concernés par la réglementation Atex, qui proposede bons outils de prévention, note Matthieu Reimeringer, de Services Coop de France. Les gros sites soumis à autorisation doivent en plus réaliser une étude de simulation d’explosion. Dans tous les cas, voir une explosion de poussiéres fait prendre conscience des risques. » Outre les formations proposées pour cela, certains documents sont disponibles en ligne. C’est déjà le cas pour l’explosion, le 23 février dernier, du silo portuaire de Grande-Synthe prés de Dunkerque (1), ou encore le retour trés pédagogique de la CSB (Chemical Safety and Hazard Investigation Board) sur l’explosion de l’usine Impérial Sugar (2) qui a fait, le 7 février 2008, 14 morts et 38 blessés graves à Port Wentworth en Géorgie (Etats-Unis).
VOIR, REVOIR ET FAIRE VOIR
En France, les analyses principales sur les accidents proviennent des assurances (dont leur filiale le CNPP), de l’Inéris (Institut national de l’environnement industriel et des risques) et de l’Aria, avec sabase de données du Barpi (Bureau d’analyse des risques et pollutions industrielles). Une mise à jour du « guide silo » de Coop de France devrait être aussi disponible en ligne d’ici la fin de l’année. « Le retour sur les accidents, même s’il n’existe pas de statistiques par type d’équipements, montre que les élévateurs et les filtres à poussiéres sont particuliérement à risque. Mais il ne faut pas s’arrêter uniquement aux accidents d’ampleur, car les presque accidents sont également porteurs d’enseignements », souligne Matthieu Reimeringer.
La formation des opérateurs assure trois objectifs :
- comprendre les phénoménes d’incendie et d’explosion,
- être capable d’identifier les situations à risque,
- savoir s’en prémunir et se protéger.
Les consignes de prévention sont claires :
- limiter les sources d’inflammation (ne pas fumer dans les installations, établir un permis de feu, effectuer des rondes de surveillance deux heures aprés des travaux
- ne pas utiliser de matériel défectueux ou hors norme)
- limiter la présence de poussiéres (veiller à l’étanchéité des circuits, nettoyer, éviter la mise en suspension et la propagation de poussiéres).
METTRE EN OEUVRE ET MOTIVER
L’implication du management reste, comme pour tous les sujets sécurité et environnement, fondamental. « Si l’opérateur n’a pas le bon équipement pour aspirer, par exemple, il va finir par trouver ça normal d’avoir de la poussiére partout », pointe Stéphane Genest, du cabinet de courtage en assurance Bessé. La transmission des informations sur le silo doit être assurée pour les nouveaux arrivants sur plusieurs années, car les conditions climatiques varient et une installation ne se conduit pas seulement sur l’ordinateur, mais doit être écoutée et regardée avec attention, pour identifier tôt toute situation à risque. « Il faut régulièrement rappeler le sens des procédures dont l’objectif n’est pas administratif, mais bien de positionner la place de chacun dans la chaîne de prévention », conclut Sébastien Richomme, chez Axéréal.
(l) https://www.aria.developpement-durable.gouv.fr/accident/51118/
(2) https://www.csb.gov/imperial-sugar-company-dust-explosion-and-fire/
Yanne Boloh // SOURCE : AGRO DISTRIBUTION // 1 octobre 2018 – N°297
Pour vous former : contacter Julie Lecocq - jlecocq@solutionsplus.coop