Réfrigération des silos en coopérative agricole : illusion ou vraie solution ?
La réfrigération des silos pour le stockage du blé dur et l’orge brassicole, par la pulsation d’air froid dans les cellules n’est pas une innovation récente.
Connue de longue date et déjà utilisée depuis de nombreuses années par quelques organismes stockeurs (OS) en particulier pour le stockage du blé dur et de l’orge brassicole, la réfrigération des silos par la pulsation d’air très froid dans les cellules n’est pas une innovation récente. Mais le contexte actuel redonne de l’intérêt à cette technique de lutte biologique contre les insectes.
Le panel des solutions chimiques continue en effet à se réduire avec le retrait de plusieurs molécules dés le début 2019 tandis la problématique des insectes est toujours bien présente en particulier lors de campagnes difficiles où les durées de stockage sont prolongées.
« Attention cependant à ne pas oublier que la réfrigération des grains n’est pas une solution curative rapide » rappelle Gérard Desnos, consultant Solutions+ « Son principal intérêt est d’accélérer le refroidissement des grains dés la récolte alors que les températures extérieures sont encore élevées ». Sur ce point, la fin de l’été 2018 a particuliérement bien illustré la difficulté à refroidir les stocks lorsque la chaleur estivale persiste.
Pourtant, aprés récolte, il faut le plus vite possible descendre la température des grains vers 20 °C pour préserver leur qualité puis en dessous de 12°C pour empêcher la multiplication des insectes. « La destruction de toutes les formes d’insectes n’est cependant possible qu’en maintenant les stocks en dessous de 5°C pendant une durée minimale de 120 jours. Dans les installations des OS, c’est une véritable gageure, y compris lorsque le silo est équipé d’un groupe froid, car le grain est souvent repris pour être préparé en vue de sa mise en marché et remonte à chaque fois en température. L’emploi de l’air réfrigéré pour baisser la température plus rapidement doit donc bien être envisagé comme un moyen de prévention des infestations et non de correction d’une situation dégradée ».
VEILLER A LA QUALITE DE LA VENTILATION
La réfrigération des grains est donc un levier mais ne doit pas être envisagée seule. Cette technique ne peut d’ailleurs être mise en place que lorsque les systèmes de ventilation existants sont opérationnels. La propreté du grain entrant est un autre levier trés important. Un taux d’impuretés de plus de 4% réduit de 20% le passage de l’air au sein des cellules et augmente d’autant le temps de refroidissement du grain.
« Un audit des installations peut être un préalable pertinent avant d’investir dans un groupe froid dont le coût est compris entre 80 000 et 150 000 € selon les modèles » avance Gérard Desnos. « Une fois ces réserves formulées, cette technique est l’une des solutions à envisager en particulier dans les installations verticales de 30 à 40 mètres de hauteur où l’air doit entrer avec une forte pression pour traverser les volumes. L’air réfrigéré devant être introduit en moindre quantité, le besoin de pression s’en trouve réduit ».
GROUPE DE TRAVAIL LA COOPERATION AGRICOLE
Le développement de cette technique mérite dans tous les cas de s’accompagner d’une réflexion économique et environnementale dans le cadre de la RSE. La consommation énergétique des groupes froid n’est en effet pas négligeable. Alors que le coût de ventilation à l’air ambiant est compris en moyenne entre 0,5 et 1,5 kWh/T de grains, le coût de la ventilation avec de l’air réfrigéré pourrait s’élever à 3 kWh/T par palier. C’est pourquoi La Coopération Agricole Métiers du grain a mis en place un groupe de travail national autour de cette pratique pour prendre du recul sur son coût, son efficacité et son fonctionnement. Une communication pourrait être faite courant 2019 suite à ce travail.
Pour l'optimisation de la ventilation, contactez David SALARDAINE : dsalardaine@solutionsplus.coop