Les silos ne sont ventilés que quelques centaines d’heures par an, et pourtant cette opération représente à elle seule 30 à 75 % de l’énergie consommée sur les sites de stockage. Pour réduire la facture, il faut donc faire la chasse aux heures de ventilation inutiles et pour cela tordre le cou à quelques fausses bonnes idées.
Alors que l’évolution climatique fait craindre une réduction du nombre de nuits et de jours où la température extérieure permet une ventilation efficace et face à la problématique croissante des insectes, beaucoup s’interrogent sur la pertinence d’investir dans la réfrigération de l’air. Nous en avons déjà parlé dans un précédent article. Avant d’envisager une telle dépense, il est avant tout urgent d’optimiser le pilotage de la ventilation et de combattre quelques idées reçues qui alourdissent considérablement la facture et retarde le refroidissement du grain :
1ére idée reçue : Le pilotage manuel est plus sûr que le pilotage par thermostat
C’est faux dans 100 % des cas.
Il y a quelques années, une étude Arvalis – Institut du végétal a même montré qu’en mode manuel, la moitié du temps de ventilation est improductif !
Certains opérateurs préférent pourtant encore s’en remettre à leurs informations météo voir à leur intuition plutôt qu’au mode automatique déclenché par thermostat. Soucieux de préserver la qualité du grain, ils sont en effet parfois inquiets de l’absence prolongée de ventilation en mode automatique. Il faut pourtant rappeler que la seule fonction de la ventilation est de refroidir le grain. Celui-ci n’a pas besoin d’être aéré pour rester sain. Si l’écart de température entre l’air extérieur et le grain chaud est inférieur à 7°C, toute ventilation est totalement inutile voire contreproductive. Le thermostat est en la matiére bien meilleur juge.
2éme idée reçue : Ventiler par temps de pluie ou de brouillard peut humidifier le grain
Faux, l’air entrant, plus froid que le grain, ne risque pas de condenser à l’intérieur du silo, au contraire.
Un air qui se réchauffe augmente systématiquement sa capacité à capter l’eau. Or l’air extérieur va se réchauffer en passant dans le ventilateur puis en traversant le grain qui est plus chaud. Là encore, en pilotant à l’aide du thermostat, il n’y a aucun risque d’envoyer de l’air trop chaud qui alors se refroidirait et pourrait condenser. En revanche, ne pas ventiler par temps humide, c’est se priver des froides journées d’automne souvent pluvieuses et retarder le refroidissement du grain pourtant prioritaire.
3éme idée reçue : Mieux vaut bien ventiler une seule cellule à la fois que ventiler deux cellules en même temps avec un seul ventilateur
Faux, plus on ventile un grand nombre de cellules simultanément, plus on ralentit la vitesse de progression de l’air et plus il sera efficace pour refroidir le grain.
Ventiler une trop petite quantité de grains entraîne une vitesse de déplacement de l’air trop rapide et une surconsommation d’énergie. Le ventilateur doit comprimer l’air plus fortement ce qui a comme effet de le réchauffer et donc de réduire sa capacité de refroidissement du grain.
L’objectif est de favoriser un débit d’air important avec le moins de pression possible. Il circule ainsi plus doucement dans le grain et les échanges de température sont supérieurs. L’enjeu est de taille puisqu’un débit d’air optimum permet souvent de réduire de 30 % le temps de ventilation nécessaire pour refroidir le grain. Ainsi, là où il faut 200 h de ventilation pour refroidir deux cellules en ventilant l’une aprés l’autre (100 h chacune), il ne faut généralement que 160 h de ventilation pour refroidir les deux cellules en les ventilant simultanément. Il existe cependant une limite liée à la puissance instantanée maximale que peut atteindre chaque ventilateur.
Etablir le rapport optimum nombre de cellules ventilées/ventilateur est un levier puissant d’économie sans risque pour la qualité sanitaire du grain, au contraire puisque la température baisse simultanément pour une plus grande partie de la récolte. C’est l’un des objectifs des audits proposés par Solutions+ et un point crucial des formations proposés aux opérateurs.
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